Le centre culturel hongkongais Tai Kwun a bien accueilli les deux interventions de l’écrivain chinois dissident Ma Jian – dans le cadre du 18e Festival international de littérature de Hong Kong (du 2 au 11 novembre).
La direction avait annoncé jeudi qu’elle ne souhaitait pas recevoir l’écrivain dans ses locaux. Le festival s’était alors engagé à trouver un autre lieu pour ses conférences.
Just been told that my two events at the Hong Kong International Literary Festival this week can no longer be held at Tai Kwun, where all the other events are taking place. An alternative venue will have to be found. No reason has been given to me yet. https://t.co/wqJHs79JkW
— 马建 Ma Jian (@majian53) November 7, 2018
Dans un communiqué publié jeudi, le directeur du Centre culturel Timothy Calnin justifiait sa décision en précisant que le centre n’avait pas vocation à devenir une plate-forme de promotion des idées politiques de quelconque individu.
China Dream – Dernier livre de Ma Jian
Exilé à Londres et résident permanent de Hong Kong, l’écrivain chinois de 65 ans a rapidement répondu sur Twitter : “Je suis un romancier, pas un activiste, et je participe au Festival pour discuter de mon nouveau roman, China Dream.”
I wouldn't use Tai Kwun as a platform to promote my 'political interests'. I'm a novelist, not an activist, and am attending the Festival to discuss my new novel, China Dream. My 'politics' are simple: I believe in free thought and free speech. Without them, life has no meaning.
— 马建 Ma Jian (@majian53) November 8, 2018
Son nouveau roman ironise sur l’ambition du président chinois Xi Jinping de restaurer la grandeur de son pays. China Dream est décrit par sa maison d’édition britannique Penguin comme “une satire cinglante du totalitarisme”.
Vendredi, Timothy Calnin a finalement annoncé que l’établissement allait accueillir l’écrivain puisque celui-ci “n’a pas l’intention d’utiliser Tai Kwun comme plateforme de promotion de ses idées politiques personnelles.”

Sept livres de Ma Jian sont édités en français, chez Actes Sud et Flammarion, et plusieurs de ces ouvrages sont disponibles à Parenthèses la librairie Française de Hong Kong.
C’est également Flammarion qui publiera la version française de China Dream, le 9 janvier 2019, traduit par Laurent Barucq (en pré-commande chez Parenthèses).
Menaces des autorités chinoises ou auto-censure ?
Le week-end dernier, une exposition des œuvres du caricaturiste chinois Badiucao, avait été annulée, les organisateurs faisant état de “menaces des autorités chinoises”, sans toutefois en apporter la preuve.

Cet artiste né à Shanghai mais basé en Australie et dont l’identité réelle est inconnue s’est forgé une réputation à l’étranger pour ses oeuvres critiquant également le régime chinois.
Les autorités hongkongaises ont par ailleurs été vivement critiquées en octobre pour avoir refusé de renouveler le visa de travail d’un journaliste du Financial Times.
Il avait animé en août la conférence du dirigeant du Parti national, une formation nationaliste et indépendantiste, au Club des correspondants étrangers (FCC).